SOURCE: Livre « Le Grand Livre du Féminin Sacrée » de Josée-Anne Sarazin-Côté
JE VAIS VOUS RACONTER L’HISTOIRE DE NIDABA
Nidaba a vécu il y a environ 4 000 ans, quelque part en ancienne Mésopotamie. Son quotidien était simple, mais bien rempli. Prendre soin des animaux, tisser le lin, utiliser des plantes pour en tirer les plus beaux pigments qui soient, afin de teindre les fibres végétales, puis de confectionner de magnifiques vêtements. Elle aidait sa mère à veiller sur les plus jeunes et, surtout, elle se consacrait au jardin.
Ce lieu était son royaume. Ses proches ayant détecté son don lorsqu’elle était très jeune, elle avait été encouragée précocement å y passer du temps et å apprendre intuitivement à s’en occuper.
Comme nombre de femmes de l’époque, Nidaba voyait les Dévas des plantes, leur esprit. A l’aide de méditation et de mantras, elle pouvait élever ses vibrations, afin d’avoir accès à cette sagesse.
En passant beaucoup de temps dans le jardin, elle en était venue à pouvoir communiquer par la pensée avec ses plantes. Elle savait ce dont elles avaient besoin pour être heureuses et, particulièrement, comment bien s’en servir.
Cela faisait d’elle une jardinière hors pair, mais surtout, une remarquable guérisseuse. Les habitants de son village ainsi que ceux de toutes les bourgades voisines lui rendaient visite pour prévenir et soigner les petits et les grands maux du quotidien. Nidaba leur concoctait alors infusions, teintures, baumes et élixirs en vue de les aider.
Son savoir était non seulement respecté, mais aussi vénéré.
Lorsqu’elle aurait une fille, elle lui transmettrait ses connaissances, qu’elle-même révélerait à la sienne, et ainsi de suite.
Sa propre mère était douée pour le tissage, don qu’elle avait transmis à une de ses sœurs, afin que Nidaba puisse se consacrer au jardinage.
La jeune femme n’était pas exceptionnelle; de nombreuses femmes autour d’elle possédaient également de puissants dons : voyance, divination, art de communiquer avec les esprits, de guérir par les plantes, de détecter les maux de l’âme et du corps…
Peu après l’apparition de ses règles, vers 14 ans, Nidaba avait vécu son rite d’initiation de femme. Elle avait longtemps été impatiente de connaitre ce moment important dans la vie d’une femme! Entourée de sa mère et de ses sœurs, elle s’était rendue au temple avec quelques autres jeunes femmes qui allaient recevoir leur initiation en même temps.
Cela avait été une cérémonie extrêmement douce et puissante, solennelle et essentielle. Les jeunes femmes avaient été présentées aux déesses avant d’être officiellement accueillies dans le monde des Femmes. Les secrets de la sexualité sacrée leur avaient également été transmis, afin que leurs futurs ébats soient empreints d’amour, de respect mutuel et de Plaisir.
Pour conclure ce cérémonial, avec un amour immense et pur, les femmes présentes avaient pris soin des jeunes initiées, massant lentement leur corps avec des huiles délicatement parfumées, préparées spécialement pour l’occasion. Elles leur avaient parlé de leur propre corps, de son pouvoir créateur et magique, de l’importance de la sexualité dans la vie d’une femme. Elles les avaient caressées doucement, jusqu’à l’approche de l’orgasme, puis elles avaient précautionneusement transpercé leur hymen à l’aide d’un cristal sacré.
Dans la vie d’une femme, cet événement était l’un des plus notables. Les hommes vivaient le même genre d’initiation de leur côté, à peu prés au même âge. Dans les deux cas, on apprenait aux jeunes gens la valeur de la sexualité sacrée.
A la suite de cette initiation, chaque mois, lorsque survenaient ses règles, Nidaba se retirait au temple, où les jeunes prêtresses assistaient toutes les femmes ayant leurs lunes. Elle adorait ce moment du mois, où elle se sentait en connexion avec sa propre intuition et où elle pouvait pleine- ment prendre soin d’elle.
Elle se reposait alors beaucoup et se concentrait sur ses rêves. Tous les matins, les femmes formaient un cercle de partage, racontant tour de rôle leurs aspirations. Puis, toutes ensemble, aidées de la grande prêtresse, elles interprétaient les messages reçus du monde des ancêtres, des guides spirituels et des anges.
La grande prêtresse gardait précieusement ce savoir qu’elle partageait ensuite au conseil rassemblant les sages du village, les frères de Lumière et les chefs des environs.
Lors de ses lunes, Nidaba passait ses après-midis à méditer, assise à même le sol, afin que rien ne la sépare de mère Nature. Elle en profitait pour lui offrir son sang, rempli de nutriments, qui allait nourrir la Terre, en la remerciant de tout ce qu’elle faisait pour ses proches et pour elle- même. Elle savourait ce magnifique cycle de don et de transmission.
Les prêtresses concoctaient des mets savoureux, qu’elles apportaient avec amour aux femmes qui saignaient.
Nidaba ressortait toujours de ces quelques jours très sereine, reposée pour le mois à venir et plus sage, plus more, grâce à tous les messages reçus à travers ses rêves. Son intuition était alors aiguisée, davantage connectée. Elle pouvait partager avec ses proches le chemin conseillé pour le mois suivant. Sa famille avait toujours hâte de l’écouter et d’être guidée par la jeune femme.
Toutes les semaines, Nidaba se rendait au temple des prêtresses, prés de chez elle, afin de prier les déesses et les dieux, et de perfectionner son don.
Dans la religion, on croyait en la dualité des dieux. II n’y avait pas une divinité unique, mais une déesse et un dieu, tout aussi importants l’un que l’autre. Les énergies masculine et féminine étaient sur un pied d’égalité, et chacun savait que, sans ce fragile équilibre, la société ne pouvait fonctionner correctement. Les hommes et les femmes avaient chacun leur rôle, leurs zones de prédilection, leurs propres modes de transmission du savoir, leurs temples. II n’y avait pas un sexe meilleur que [‘autre ni prépondérant.
Le savoir des femmes était vital au fonctionnement de la société, tout comme celui des hommes.
Lorsque Nidaba se sentirait prête, sa famille lui proposerait un mari tout en respectant son opinion. Les deux jeunes gens, même s’ils ne se connaissaient pas nécessairement, sauraient tous deux comment estimer, honorer et traiter l’autre avec amour.
Comme tous alors, Nidaba connaissait bien le cycle des lunes et des saisons, auquel chacun se conformait. C’est ainsi que les gens savaient quels étaient les moments les plus propices pour faire un enfant, pour semer, pour récolter, pour célébrer, pour redonner å la Terre.
La nature humaine, comme la Terre qui l’héberge, est cyclique. On respectait et on vénérait les dualités : homme/femme, noirceur/lumière, vie/mort, semences/récoltes, célébrations/repos…
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Cette histoire pourrait être celle de presque n’importe quelle femme de l’époque et aurait pu se passer aussi bien au Pérou qu’en France, en Amérique du Nord ou en Grèce.
Nous avons longtemps vécu en respectant les deux énergies, féminine et masculine, en comprenant qu’elles sont toutes deux essentielles et qu’aucune n’est meilleure que l’autre.
Nous avons longtemps vécu en respectant notre essence cyclique, en nous harmonisant avec la nature. Les périodes de travail intense étaient toujours suivies de phases de profond repos.
Que s’est-il passé pour qu’une telle harmonie soit rompue ?
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La Suite dans un prochain Article …
SOURCE: Livre « Le Grand Livre du Féminin Sacrée » de Josée-Anne Sarazin-Côté